JUDAS PRIEST / SAXON : Paris, Zénith, 08/04/2024
Photos de Stephan Birlouez.
Ça y est, tous mes péchés ont été pardonnés par le Père Rob et c'est dire s'il y en avait. Le premier péché parmi tant d'autres résidait dans le fait de ne pas avoir été présent lors du dernier passage des Brummies en 2019 et ce, malgré une tentative désespérée et… désespérante de récupérer le précieux sésame. Je m'étais vu repartir « a la casa » tout penaud, la queue entre les jambes (voyons, Phil... des enfants pourraient te lire...). Les autres péchés ? Eh ben, on n'en parlera pas. lol
Cette fois-ci, je m'y étais pris en temps et en heure pour me procurer un billet et m'étais ensuite rendu au Zénith relativement tôt pour y distribuer la bonne soixantaine de flyers du Thin Lizzy Fest # 2 et ce, au nez et à la barbe des vigiles qui finirent par me sermonner sous prétexte que je ralentissais la "Phil"...
Par ailleurs, ce qui m'avait sans doute décidé plus rapidement, ce fut la présence de Saxon en co-tête d’affiche. Point d'Uriah Heep comme sur certaines autres dates européennes mais bon, on le sait, la France demeurera encore et toujours le parent pauvre du rock en Europe.
Forts d'un excellent nouvel album intitulé Hell, Fire And Damnation à défendre en live, Saxon retrouvait après 38 ans le Zénith où en première partie, rappelez-vous, ils avaient "emmené" dans leurs valises, les redoutables guerriers du Pays du Soleil Levant à savoir Loudness.
Ah, Saxon, l'un des groupes que j'ai le plus vus, arbore une impressionnante toile de fond représentant le logo du groupe. Sans doute en aurait-on aimé une avec la sublime pochette du dernier album ? Mais bon, le groupe n'était pas en tête d'affiche cette fois-ci. Pas besoin non plus de faire dans l’esbroufe pour se donner à fond en live.
La dernière fois que j'ai vu nos amis originaires de Barnsley remonte au 9 décembre 2022 pour la tournée de ce fabuleux album intitulé Carpe Diem. Biff et ses compères nous avaient alors offert un show intense, haletant et puissant.
Les lumières s'éteignent à l'heure indiquée. Alors résonne dans un Zénith bien rempli The Prophecy, une intro inquiétante du dernier-né, suivi d'une version percutante à souhait du morceau-titre. Saxon entre alors sur scène devant un public en délire tout acquis à sa cause, public qui n'a même pas le temps de souffler une seule seconde compte tenu du rouleau compresseur insufflé par Motorcycle Man interprété tête baissée par un Biff dont la voix ne semble pas bouger avec les années. Ce qui réjouit ma fille aînée, désireuse de voir Saxon, qui, pour le coup, m'a accompagné, et d'entrée de jeu, celle-ci se dit conquise par leur prestation. Elle applaudit à chaudes mains, saute à pieds joints et se fait même entendre avec une énergie sans faille.
Alors quid du nouveau guitariste, débauché de Diamond Head ? Pas franchement nouveau, le Brian Tatler puisque la plupart d'entre nous le connaissent via des albums comme Borrowed Time.
Eh bien, il s'en sort plutôt bien sur les soli qu'il effectue en lieu et place de Paul Quinn.
À l'un des pionniers de la NWOBHM, on accorde une petite heure, ce qui à mon avis, n'est pas suffisant pour un groupe comme Saxon. Par conséquent, se concentrer sur l'essentiel va s'avérer être de mise. Revenir sur les fondamentaux, tel est le mot d'ordre lancé par Biff et ses comparses : Sacrifice, And The Bands Played On, ainsi que ces superbes extraits de Hell, Fire And Damnation : There's Something In Roswell et Madame Guillotine nous sont présentés dans des versions particulièrement tranchantes, et, on peut l'espérer, seront peut-être appelés à devenir des titres-phares (on l'espère en tout cas) dans le répertoire des Anglais pour le temps qu'il leur reste à se produire en live.
Après les futurs "Classics", le combo s'oriente invariablement vers une cascade de "Real Classics" tels que Heavy Metal Thunder, Strong Arm Of The Law, Crusader, Dallas 1 PM, Denim and Leather, Wheels Of Steel (relativement écourté) et tout naturellement Princess Of The Night. Choix judicieux s'il en est, le groupe a su sélectionner les incontournables tels que ceux cités plus haut. Néanmoins, il y aura toujours parmi nous des esprits tatillons et insatisfaits pour dire : "Ah bah, il manquait 747 Strangers In The Night ou bien encore 20 000 Feet". C'est chiant, les vieux, nan ? lol En tous les cas, il y a une chose qui est sure, Messieurs, revenez le plus souvent possible. Nous serons toujours là pour vous accueillir chaleureusement.
Place donc à Judas Priest pour qui la scène s'est considérablement agrandie avec le fameux trident qui s'incline à l'horizontale au dessus de nos têtes. La longue intro illustrée par War Pigs du Sab (Black Sabbath, NdR.), plonge le public dans une impatience grandissante voire une espèce d'hystérie à peine contrôlable.
En hors d’œuvre de cette Grand-messe, Panic Attack (futur classique ?) et son riff martial ravissent un public parisien toujours aussi enthousiaste. Il est plaisant de noter que Richie Faulkner, avec les années, s'impose de plus en plus en tant que talentueux guitariste soliste au sein du groupe, n'hésitant pas à rajouter sa propre patte sur ses solos qui s'avèrent incisifs et précis. Ian Hill, toujours en retrait, maltraite sa basse comme il l'a toujours fait tandis que Scott Travis, juché sur une plateforme, offre au public parisien une prestation de.......haut vol...
Étonnamment, You've Got Another Thing Comin' apparaît assez tôt dans la set-liste, un titre qui, jusqu'ici, a été interprété 1242 fois par le groupe de Birmingham depuis sa publication sur Screaming For Vengeance.
Grinder man, un membre historique du BSF (Black Sabbath Forum), que je n'avais point vu depuis le 2 décembre 2013, date du concert du Sab au POPB (encore un concert appelé à devenir légendaire qu'il ne fallait en aucun cas manquer) est bel et bien présent dans la fosse et ne se prive pas de chanter à gorge déployée toutes les paroles du morceau. Rapid Fire, quant à lui, emporte tout sur son passage à tel point que la foule et même les écrans s'enflamment à vue d’œil suivi d'un Breaking The Law repris massivement par un public qui s'égosille sur le célébrissime refrain. Alors la voix de Rob, qu'en est-il ? Sans être doté de celle de ses vertes années, le légendaire vocaliste me paraît être plus "dans le ton" qu'en 2009 lors de la tournée Nostradamus.
Lightning Strike, bien ancré dans la set-liste de la tournée précédente, rappelle à notre bon souvenir l'excellent précédent album à savoir Firepower qui, à l'époque de sa sortie, avait suscité un réel enthousiasme de la part de la critique spécialisée et ce, depuis le retour aux affaires « priestiennes » de Rob Halford en 2003. On aurait sans doute préféré le morceau-titre ou bien le très accrocheur Never The Heroes mais bon, on est vieux donc ch...t... lol
Très heureux aussi de ré-entendre Love Bites de Defenders Of The Faith sur laquelle le Metal God s'acquitte d'une très bonne interprétation notamment sur les passages hurlés. Screaming For Vengeance, album essentiel dans la discographie du Priest, n'est pourtant pas en reste car voici qu'après avoir revisité You've Got Another Thing Comin', Andy Sneap et Richie Faulkner se chargent d'exécuter un Devil's Child, titre ô combien accrocheur qui aurait pu à l'époque chatouiller les « charts » internationaux mais bon, il n'en fut rien.
La saison printanière bat son plein et par conséquent il s'avère logique de procéder à un déterrage ou un débroussaillage en bonne et due forme avec Saints In Hell issu du monumental album sorti en 1978, Stained Class. Ce morceau avait été interprété live pour la dernière fois à la Mohegan Sun Arena de Wilkes-Barre. Tout le monde l'aura bien compris, je veux parler de Stained Class. Qu'il est donc bon de le ré-entendre en ce jour béni. Promotion oblige de cet incroyable album qui a pour nom Invincible Shield dont le but avoué est sans doute de nous protéger de la pitoyable musique diffusée sur certaines radios, le Priest s’attelle à une très bonne version de Crown Of Thorns pour ensuite se défouler sur un Turbo Lover qui, rappelons-le, avait en son temps été source de division parmi les fans. Le temps a passé et la réédition en 2017 de l'album Turbo a permis de réconcilier tout ce petit monde. Re-promotion cette fois-ci avec le morceau-titre qui lui, ne fait pas de détails et porte en lui l'image d'un opus ô combien réussi et cela, le public en est conscient car il lui accorde une généreuse ovation à son terme.
Ce qui suit est un MONUMENT à lui-seul. Victim Of Changes dont l'interprétation suscite à chaque fois un réel engouement, remplit fort bien sa mission de MEGA-CLASSIQUE du groupe. Les deux artilleurs en chef se complètent fort bien et ce, malgré l'absence des vétérans KK Downing et Glenn Tipton, Rob lui, exploite pleinement les capacités vocales dont il est encore doté aujourd'hui et la section rythmique incarnée par Ian Hill et Scott Travis bastonne grave.
Un autre classique qui surgit de nulle part, c'est la reprise de Fleetwood Mac superbement exécutée, The Green Manalishi (With the Two Prong Crown). Et là, ce qui fait suite au morceau emblématique du Mac autrement dit sur Painkiller, va se révéler apocalyptique à la fois sur scène et dans la fosse. Sur scène, c'est tout bonnement phénoménal. Dans la fosse, ça l'est un peu moins avec des types qui n'ont qu'une seule préoccupation : organiser un « circle pit » (« danse » où les participants courent en cercle sur un rythme rapide et agressif durant les concerts punk hardcore, metalcore et thrash metal, mouvements qui n’existent pas dans le rock sudiste NDLR.) pour faire ch... euh importuner le monde. Certains sont enthousiastes certes, mais d'autres ne sont pas dans la même perspective, se trouvant dans une dimension parallèle attenante au Royaume du Roi Heineken. Je craignais cet instant bien avant le concert.
Après une courte pause, Rob et ses amis reviennent sur un The Hellion/ Electric Eye d'anthologie. Et puis au loin, le vrombissement, je dirais même plus le rugissement de la moto conduite par un Halford très en verve, annonce un Hell Bent For Leather d'excellente facture.
Le show va se terminer sur un grand moment d'émotion. Glenn Tipton, dont on connaît l'état de santé précaire (pour ceux qui l’ignoreraient, Glenn Tipton est atteint de la maladie de Parkinson NDLR.), monte sur scène pour interpréter avec cette extrême concentration qui est la sienne, les deux derniers titres Metal Gods et Living After Midnight, titres repris en chœur par un public qui chavire de bonheur. On ne pouvait pas rêver de meilleure conclusion pour cette Grand' Messe. Il est sûr que ce concert restera longtemps dans les mémoires métalliques, raison pour laquelle il fallait y être. Amen !
Phil Lizzy
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